Jess Velardo
«Gran Canaria est inspirante. Cette île dégage quelque chose qui vous captive.»
Jess travaille en tant que psychologue clinicienne avec des enfants et des adolescents dans un centre de santé de Las Palmas de Gran Canaria. L’an dernier, cette Madrilène a décidé de suivre son intuition et de s’installer à Gran Canaria pour entamer une nouvelle étape. Sur l’île, elle a trouvé la paix, le calme et surtout l’inspiration.
Pourquoi avez-vous décidé de vous installer à Gran Canaria ? Y a-t-il d’autres raisons en plus du beau temps?
En fait, c’est un peu par intuition. Je devais quitter ma résidence universitaire à Valladolid et j’avais envie d’un changement. Un jour, quelqu’un m’a dit: «Aux îles Canaries, la vie est agréable, le climat est doux et il y a du travail». J’ai répondu: «Alors je pars vivre aux îles Canaries!». Et je l’ai fait, sans rien savoir sur les îles.
Quelque temps plus tard, j’ai trouvé du travail à Gran Canaria. Mes collègues de la clinique, ma famille ainsi que mes amis, tous pensaient que c’était une bonne idée et m’ont encouragé à partir. Ça me semblait aussi une bonne idée, alors je suis partie.
Jess, en quoi votre vie a-t-elle changé depuis que vous vous êtes installée sur l’île?
Elle a beaucoup changé. L’île a été pour moi une grande inspiration. M’installer dans un endroit inconnu, sans personne, a été comme une sorte de folle aventure. Me retrouver ici, prête à tout pour m’en sortir, a été une expérience formidable qui m’a permis de découvrir de nouvelles choses. J’avais envie de me lancer dans de nouvelles activités que j’avais toujours remises à plus tard pour une quelconque raison. L’expérience a été formidable.
Qu’est-ce que Gran Canaria vous a apporté d’un point de vue personnel?
Un changement de vie : avant j’étais interne et ici je suis entrée dans le monde du travail. Et puis le fait de m’installer seule ici, sans me sentir seule. Ça a été un apprentissage. M’installer sur l’île seule et m’y sentir bien ; me sentir proche de ma famille tout en étant loin, pour ainsi dire. Savoir que je pouvais compter sur les gens.
Avez-vous eu l’occasion de découvrir l’île?
Oui, deux semaines après mon installation, j’ai reçu la visite d’une collègue de ma résidence avec laquelle j’avais cohabité quelques mois à Valladolid. Elle aussi allait quitter la résidence et elle ne savait pas quoi faire. Elle a pensé à Gran Canaria et elle m’a demandé comment ça se passait sur l’île. Je lui ai répondu: «Viens!».
Nous avons découvert l’île ensemble, nous vadrouillions partout! C’était agréable de découvrir des endroits très différents, de rencontrer tous types de personnes. L’île m’a beaucoup inspirée et je pense qu’elle m’a donné une ouverture d’esprit pour aller à la rencontre des gens, pour apprendre de nouvelles histoires. En fait, j’apprends toujours de nouvelles histoires du fait de mon travail en tant que psychologue.
Dans quelle partie de la capitale avez-vous choisi de vivre?
J’habite dans le quartier de Triana. Avant de venir, j’ai regardé Google Maps pour me faire une idée de Gran Canaria. Sur Google Maps, je flânais dans les rues. J’arpentais tous les coins et je pensais: «C’est super!». Un jour, j’ai demandé à une amie qui y avait habité trois ans: «Triana, comment c’est?». Elle m’a répondu: «Je pense que ça te plairait, c’est un peu bohème».
Quand je suis arrivée sur l’île et que j’ai visité Triana, j’ai eu l’impression de connaître l’endroit. J’adore aussi Vegueta ; entre Vegueta et Triana. J’y suis très bien.
D’une façon générale, est-ce que les gens vous ont bien accueillie?
Oui, très bien. Tout de suite, je me suis sentie chez moi. Je me sentais redevable envers tout le monde, je pensais: «Pourquoi vous me donnez tant?» [rires]. C’était une sensation agréable. On trouve ici une grande variété de cultures. Par exemple, mon ancienne colocataire est Vénézuelienne, et elle se sentait aussi chez elle. C’est beau de voir tous ces gens venus d’ailleurs qui se sentent tout de suite chez eux sur l’île.
Maintenant que vous connaissez l’île, d’après vous que recherchent les touristes qui visitent Gran Canaria?
L’inspiration. Je pense que l’île inspire. C’est ce qui arrive aux personnes que je connais qui ont une âme d’artiste et qui ont visité l’île. J’adore l’art, je peins parfois, j’écris... Ici, la mer est très inspirante, surtout pour écrite.
Quels endroits recommanderiez-vous? Un endroit peu connu ou que vous aimez particulièrement...
J’en ai deux. L’un est El Confital. Je me souviens d’être allée m’y promener et d’être arrivée devant un renfoncement parfait entre deux rochers parfaits sur lesquels les vagues se brisaient, devant un coucher de soleil aux couleurs magnifiques... Un moment magique! L’image est restée gravée dans ma mémoire et j’y suis souvent retournée.
J’aime aussi beaucoup la partie ouest de l’île, dans la zone de Tasartico et ses alentours. Je recommande cet endroit pour ses contrastes, pour cette sensation de dépaysement tout en se sentant chez soi. Parcourir les montagnes en voiture et se sentir comme aux États-Unis, avec toutes ces couleurs, puis, d’un coup, se retrouver face à la mer. J’adore les contrastes et cette île en regorge.
Quels restaurants ou établissements de l’île conseillez-vous de visiter?
J’aime bien changer d’endroits. Mais pour manger ou boire un verre, j’aime ce quartier, Triana. À Vegueta, j’aime aller dans la rue des bistrots, Mendizábal. Sauf le soir, parce que c’est trop bruyant. C’est quelque chose que j’ai appris ici : je préfère sortir en fin d’après-midi, boire un verre de vin ou un thé, dans un endroit tranquille. Profiter de ces moments avant le coucher du soleil.
Je recommande aussi le restaurant Texeda. Nous avons effectué la route du Roque Nublo à Tejeda et nous y avons déjeuné sur les conseils d’un ami. J’aime bien manger après une bonne randonnée. La carte de ce restaurant change souvent et je trouve ça chouette de me laisser conseiller sur les plats proposés selon le jour. Tout est impeccable et l’endroit est très agréable. On peut admirer les montagnes et toute la végétation. C’est splendide!
Quel festival ou événement recommanderiez-vous?
J’aime beaucoup le Temudas Fest, un Festival de théâtre, musique et danse. J’ai vu un jour une fille qui jouait dans un spectacle clownesque, j’ai trouvé ça merveilleux. Et deux danseuses qui dansaient verticalement suspendues à l’aide de harnais. J’ai trouvé ces deux spectacles magiques, et surtout à Vegueta, en pleine façade du théâtre, j’ai adoré!
Comment décririez-vous votre vie sur l’île en trois mots?
Inspirante, dans cette transition d’une étape à l’autre de ma vie, transcendantale et créative.
Racontez-nous votre journée idéale?
C’est difficile à dire! Beaucoup de journées peuvent être parfaites. Une journée de travail parfaite serait de me lever après une bonne nuit de sommeil, de prendre mon petit déjeuner sur ma petite terrasse dans le calme en contemplant le lever du soleil puis de monter à bord de la «guagua», le bus, en espérant qu’il ne soit pas plein à craquer. Arriver au travail, saluer mes collègues, qui sont tous adorables et très souriants. Boire un café avec eux, dans le calme. Qu’ils me disent que le premier patient n’est pas venu, parce qu’il se sent mieux et qu’il n’a pas besoin de nos services. Et recevoir des patients aux histoires inspirantes, qu’ils me parlent de choses nouvelles dans leurs vies, de choses qui les inspirent.
Manger à l’extérieur avec des amies puis faire de l’escalade l’après-midi serait aussi une journée parfaite. Dîner en amoureux ou avec des amis. Être heureuse, à la maison, avec les gens que j’aime... c’est pour moi un moment très agréable. Je crois que ce serait une belle journée. Même pour un week-end. Au lieu de travailler, je pourrais aussi faire autre chose, comme dormir quelques heures de plus.
Qu’aimez-vous faire d’autre pendant votre temps libre?
En plus d’écrire ou de dessiner, je fais du théâtre d’improvisation. J’en ai fait à Valladolid pendant trois ans, et j’ai recommencé ici depuis six mois. Pour moi, c’est comme une thérapie. Affronter ses peurs, son manque d’assurance, ses besoins. J’aime aussi le contact humain.
Lorsqu’on fait du théâtre d’improvisation, le travail en groupe permet de surmonter toutes ces angoisses. Et ça aide dans la vie de tous les jours, pour vivre plus sereinement.
En plus des répétitions, est-ce que vous allez au théâtre à Gran Canaria?
Surtout au théâtre d’improvisation. Ma compagnie de théâtre, ImproCanarias, donne un spectacle à Vegueta tous les jeudis. J’aimerais aussi me rapprocher du théâtre classique, du théâtre conventionnel.
J’ai tellement de passions...
Je pratique aussi l’escalade. C’est une nouvelle activité que j’avais envie d’essayer. J’ai commencé sur un mur d’escalade et j’ai adoré. J’ai toujours aimé grimper partout, une vraie cascadeuse! Sans compter l’exercice physique et l’adrénaline, et le challenge personnel, l’escalade est un sport très peu compétitif. On s’entraide tous pour continuer à avancer. Je trouve ça merveilleux. Et aussi le fait d’être en pleine nature et d’entreprendre l’escalade, c’est vraiment super, parce qu’il fait toujours beau et qu’on peut pratiquer ce sport très souvent.
En plus du mur d’escalade, où pratiquez-vous ce sport?
Depuis que je ne suis plus débutante, j’ai commencé à aller à la montagne, pour profiter de la nature. En fait, c’était l’un de mes objectifs lorsque j’ai commencé l’escalade.
Y-a-t-il un endroit en particulier où vous aimeriez pratiquer l’escapade?
Partout. Il y a un endroit, Roque Nublo, mais je pense que ce sera dans quelques années. C’est un endroit très spécial, un des premiers endroits que j’ai visités sur l’île. On m’a dit que certains y pratiquent l’escalade, ça me tente!
Est-ce que vous vous voyez vivre à Gran Canaria dans dix ans?
Je ne sais pas quoi répondre! J’avais prévu d’y rester deux mois, juste pour changer d’air, et puis je me suis dit: «Et si j’y reste pour travailler?». J’ai pensé: «Juste un an!».
L’île dégage quelque chose qui captive, ici je me sens plus sereine. Je ne sais pas vraiment pourquoi, si c’est l’heure, mais ici l’ambiance est plus sereine, apaisée, même lorsque le bus est plein à craquer [rires]. C’est une sensation de sérénité. Alors je ne pense pas que je pourrais me réadapter au rythme frénétique des grandes villes. J’habite près de la mer, c’est aussi important. C’est une chose dont j’ai besoin, où que j’habite.